J’ai froid, l’air passe à travers la paroi

J’ai faim, il n’y a rien et j’ai soif,

Je tremble, je ne vois rien droit,

Je pleure, je n’ai pas le choix.

J’appelle, on ne m’entend pas,

Je hurle, on se fout de moi,

Je murmure, en un souffle coi.

Je me recroqueville dans mon carton de soie.

Où personne ne me voit,

Où personne ne m’attend,

Où personne ne m’entend,

Où personne ne se fout de moi,

J’ai froid,

J’ai faim,

J’ai soif,

Je veux tout voir,

Sans être vu,

Tout comprendre,

Sans être entendu,

J’ai peur de la nuit,

J’ai peur de la vie,

J’ai peur de ma vie,

J’ai peur de dormir,

J’ai peur de mourir,

Ne pas dormir, ne pas dormir, ne pas dormir…

Je sens une main puissante,

Une main chaude et caressante,

Elle me soulève comme une plume,

Elle me soulève, je n’ai plus la force,

Elle ne dit rien, elle me porte,

Elle ne dit rien, me réconforte,

Une main amie,

Une main bénie,

M’a sauvé la vie…

© E.P.

Née dans un petit village,

Sur la côte bretonne,

Sa mère chantonne,

Son père la mène, sillage,

Il vogue autour du monde,

Lui raconte ses voyages,

Lui raconte les paysages,

Ouvre la mappemonde.

Sa mère lui donne deux frères

Dont elle est fière,

Chacun son caractère,

Vie de la terre, vie de la mer.

Ils s’installent à Nantes,

La guerre arrive délirante,

Sur ce bout de France en attente

D’une libération rayonnante.

Longues études réussies,

Puis elle se marie,

Fonde une famille unie,

Entre France et Afrique des colonies.

Lui, aiguilleur du ciel,

Elle, secrétaire,

Ils sillonnent cette terre,

Leur vie est plurielle.

Elle est faite de visages,

De voyages,

De paysages,

Quelques nuages.

Ils reviennent au village,

La tête pleine d’images,

De souvenirs,

Jusqu’au dernier soupir…

Souvenirs lointains,

D’une femme au long chemin.

 © E.P.

Seule dans sa maison,

Volets fermés, sous l'édredon,

Elle écrit sous la lumière,

D'une lampe séculaire,

Ses yeux délavés

Supportent des lunettes argentées,

Ses mains ridées,

Une plume, un encrier.

Elle imagine depuis toujours,

Des histoires de troubadours,

Des voyages au long cours,

Des légendes d'un jour.

C'est un peu sa vie qui y est contée,

Par des chemins détournés,

Une vie discrète,

Une vie secrète,

Riche d'événements,

Et de sentiments,

Une longue vie...

En un instant évanouie...

 © E.P.

Petit bonhomme

Tes joues sont deux petites pommes,

Tes yeux, deux petits ronds bleus,

Tes doigts attrapent mes cheveux,

Tout potelé,

Tout ronds sont tes pieds,

Tout curieux,

Tu ouvres grands tes yeux.

Ta petite bouche en A,

Ta petite gorge en R,

Tes petites lèvres en E,

Déjà tu parles un peu.

Si petit, si fragile,

J'aime voir tes cils,

Quand tu pleures,

Mains-douceur.

Le premier jour de mai,

Tu es né,

Tel un oiseau,

Tu vas t'envoler...

Parcourir la vie,

Parcourir le monde,

Devenir un homme,

Petit bonhomme.

© E.P

“Ne me regardez pas”

Dit-elle

“Je suis vieille et ridée”.

 “Je vous regarderais”

Lui dis-je

“Toujours belle à mes côtés

Vos yeux plein d’amour,

Vos cheveux plein de secrets

Vos joues pleines de tendresse

Vos mains si douces

Votre rire si pétillant

Votre sourire charmant

Votre vie est un rêve,

J’aime vous écouter,

Votre vie est généreuse,

J’aime vous regarder. ”

© E.P.